Concilier sa vie de femme et de cheffe : est-ce vraiment possible ?

Dans l’univers désormais très médiatique des chefs de cuisine, un débat couve : les cheffes femmes ont-elles autant leurs places que leurs homologues masculins ? A l'occasion de la journée internationale du droit des femmes ce 8 mars, nous avons rencontré Viktoria Thirionet, qui a décidé de tout quitter pour vivre de sa passion : la cuisine. Mais est-ce un défi vraiment atteignable ?
 

Par Anissa Hezzaz. Photos : Lucile Dizier |

Les femmes entrepreneurs qui décident de mener de front leur carrière sont de plus en plus nombreuses. Pourtant, une travailleuse indépendante sur deux déclare que son activité n’est pas suffisamment rentable pour en vivre décemment. Selon le dernier baromètre de l’UCM, le nombre de femmes indépendantes n’a augmenté que de 2,52% entre 2021 et 2022 (contre 4,39 % entre 2020 et 2021), avec toutefois une évolution légèrement supérieure à la moyenne nationale en Wallonie. Si les femmes ont l’envie et le besoin de s’accomplir professionnellement, force est de constater qu’elles rencontrent encore de nombreux freins pour atteindre leur objectif à hauteur de leur ambition. 

En vidéo, être une femme et cheffe en 2024, c'est quoi le plus gros défi ?

Dans un secteur en particulier, on constate que les femmes sont malheureusement encore rares à pouvoir accéder à des postes à haute responsabilité. Dans la restauration, les femmes sont moins nombreuses que les hommes à devenir cheffe de rang, cheffe de cuisine, ou cheffe de pâtisserie. En 2023 pour la première fois, le guide culinaire We’re Smart, qui récompense les restaurants prônant une alimentation végétale et les meilleurs chefs du monde, a créé le titre de “Best Lady Vegetables Chefs”, une catégorie qui désigne comme son nom l’indique, la meilleure cheffe du globe. Cette année, la femme cheffe à l’honneur est Keiko Kuwakino, qui dirige le restaurant Sanaburi, situé dans la ville japonaise de Niigata.

Plus proche de chez nous aussi les progrès en matière d’égalité des sexes sont nombreux et en Belgique, les noms comme Isabelle Arpin, Arabelle Meirlaen, Sofie Dumont ou encore Pascale Naessen résonnent dans les esprits collectifs. Mais à moins d'être au sommet de leurs ascensions, les femmes cheffes sont encore sous-représentées dans le métier. 

Pourtant, elles sont nombreuses à passer le cap, comme Viktoria Thirionet, ancienne journaliste qui a décidé de se reconvertir dans la cuisine. “J’ai eu le déclic il y a deux ans quand j’ai décidé d’arrêter ma carrière de journaliste”. Alors qu’elle était en surmenage professionnelle, elle décide alors de s’investir à fond dans sa passion de toujours : la cuisine. “J’adorais cuisiner, mais me mettre aux fourneaux le soir en rentrant du boulot pour ma famille était compliqué à gérer et j’ai eu l’envie d’aider les familles à se libérer de cette charge mentale en leur proposant des petits plats sains”. 

Diminuer la charge mentale

De là, Tout prêt, tout près est né. Le concept ? Des plats cuisinés par Viktoria à base de légumes bios, locaux et de saison et livrés à domicile. Quand on lui demande pourquoi elle n’est pas aux fourneaux d’un restaurant, Viktoria nous répond du tac-au-tac : “Ce n’était pas une option si je voulais continuer à profiter de ma famille. Le critère numéro 1 quand j’ai décidé de me lancer dans l’Horeca était de trouver une formule qui s’adapte au mieux à mon mode de vie”. Elle a alors mis sur pied ce service de livraison à domicile qui lui permet d’être présente pour ses enfants et son mari et de continuer de s'épanouir sur le plan professionnel. Même si elle avoue qu'elle n’a pas encore réussi à trouver l’équilibre parfait. “La cuisine, c’est avant tout un métier de passion auquel on se consacre à mille pourcent et  il ne reste pas beaucoup de temps pour le reste”. Ainsi est la réalité des cheffes en 2024.

La femme est à la préparation des repas quotidiens et l’homme aux fourneaux des grands restaurants, et quand les femmes osent entreprendre une carrière dans l’univers de la gastronomie, elles se confrontent souvent à un parcours semé d’embûches. “Je suis très admirative des cheffes en général, car on sait que c’est un métier qui est très difficile autant pour les hommes que pour les femmes, mais j’ai énormément de respect pour les grandes cheffes car elles doivent être sur tous les fronts : consacrer du temps à leur famille, à leur carrière et trouver encore du temps pour soi”.  Motivée par ces exemples de réussite au féminin, Viktoria espère un jour elle aussi pouvoir vivre de sa passion, car aujourd’hui, malgré toute l’énergie et l’investissement qu’elle y met, elle ne peut pas encore se rémunérer grâce à ça. 

En pratique 

Découvrez les recettes de Viktoria sur Tout prêt tous près.  

Vous pouvez aussi découvrir la cuisine de Viktoria lors de l'événement culinaire Hémisphère, qui se déroule au Château de Soignies, du 9 mars au 14 avril 2024. 

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