Konchu : la cantine japonaise à l'esprit belge

Au menu de cette semaine, du végétarien japonais. Direction le centre de Bruxelles, chez Konchu, une cantine installée provisoirement rue des Bouchers, dans le cadre des projets de l'incubateur de talents Kokotte. 

texte et photos : florence hainaut et carlo de pascale |

Les scruteuses de tendances qui nous ont déniché l’adresse du jour, ce sont mes filles Chiara et Giulia. Végétariennes, elle checkent régulièrement les ouvertures d’adresses avec une offre végé un peu sérieuse. C’est donc avec elles et Florence qu’on descend vers le centre-ville bruxellois. Konchu est un projet abrité par la couveuse d’entreprises Horeca, Kokotte. 

Sur base d’un appel à candidatures, un lieu est mis à disposition d’un restaurant éphémère pendant quatre mois, à loyer très modéré, dans un lieu pas facile, facile : la rue des Bouchers à Bruxelles, entre restaurants à touristes et institutions, comme les Armes de Bruxelles ou Léon. Pour être admis dans l’incubateur Kokotte, il faut un projet innovant, qui devra se fixer ensuite à Bruxelles, et répondre à des impératifs de durabilité.

L’originalité de Konchu c’est de proposer - semble-t-il pour la première fois dans la capitale - le “curry” japonais (on dit kare), très populaire en fast-food au Japon, où il est arrivé  d’Inde en passant par l’Angleterre. Il s’agit d’un curry plutôt jaune, parfois piquant, un peu sucré et servi avec du riz ou des grosses nouilles udon. Le projet est porté par Elie Stark - qui a suivi, après des études plutôt  business, le Master en Food Design dispensé à Bruxelles - et Raphaël Muguet, diplômé du Cordon Bleu parisien (oui, comme Julia Child dans le film Julie and Julia). C’est une cantine, donc pas de réservations, on commande on paie et on vous sert à table. Le lieu est loin d’être inconfortable, mais cela reste plutôt basique même si la déco est agréable, malgré une lumière un peu... lumineuse.

Dégustation

Alors, ce curry anglo-nippon implanté rue des Bouchers ? On choisit, riz ou udon, un topping, viande (bœuf déchiré, tonkatsu de porc, torikatsu de poulet) ou végé (tempura de légumes, aubergine miso ou spicy tofu), on peut se rajouter un œuf au soja et compléter d’un side order : une crêpe épaisse okonomyaki, des tempuras ou du poulet frit en mode karage. On rince avec de l’eau en carafe, de la bière, du kombucha ou du saké.

On le dit tout de suite : on a aimé plein de choses. D’abord, Florence roucoule car elle aime les jeunes qui en veulent et qui ont solidement étudié la culture culinaire qu’ils veulent illustrer. Ensuite parce qu’Elie et Raphaël osent à la fois proposer un mets japonais peu connu, ce kare justement, et le détourner avec des créations à eux, comme ce bœuf déchiré (la viande vient de chez Spek en Bonen, une enseigne bruxelloise montante) ou cette aubergine au miso, sucrée au... sirop liégeois ! On se fait plaisir, entre nouilles et riz, porc pané tonkatsu (un poil trop cuit), spicy tofu qui envoie bien et le côté comfort food absolu de l’okonomyaki. C’est à la fois réconfortant, simple, agrémenté d’une solide dose de gourmandise et, on l’a dit, riche de réflexion. Les deux promoteurs de ce projet - à qui l’on souhaite déjà de poursuivre l’aventure au-delà du mois de décembre, fin prévue par contrat - se sont inspirés de quelques muses, dont l’autrice japonaise Ryoko Sekiguchi, véritable icône du savoir manger japonais.

Pour un peu plus de 20 € par personne (si l’on prend les délicieux moshi fourrés de pâte de haricots rouges en dessert), on se fait plaisir, on a l’impression d’apprendre un pan de cuisine japonaise dont on n’avait pas la moindre idée, et surtout, on encourage des jeunes entrepreneurs avec à la fois la tête dans les étoiles et les pieds pas mal sur terre.

L'adresse ? 30 rue des Bouchers, 1000 Bruxelles, konchu.eu

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