Prendre son grand-père, sa cousine, son meilleur ami dans les bras. Le regarder dans les yeux, lui sourire, puis l'enlacer. L'étreindre de longues secondes. Le serrer un peu plus fort. Sentir son parfum, entendre son souffle. Il y a encore un an, le câlin était le symbole de la tendresse, de l'affection, du partage. Aujourd'hui, il semble être devenu un geste dangereux, presque mortel. Le câlin représente la contamination. Le câlin a été banni de nos vies, alors qu'il est essentiel comme le rappelle la neuropsychologue, Céline Rivière, autrice du livre La Câlinothérapie: Une prescription pour le bonheur. "Le câlin provoque un état d'apaisement et de sérénité. Il libère l'ocytocine, l'hormone du bien-être et de l'attachement. Les personnes sont en manque de liens, elles ne se touchent plus. L'hormone n'est pas libérée. Or, on en a besoin".
La première fonction du câlin est d'être capable de manifester un intérêt et un amour. Nous sommes dans l'ouverture à l'autre, où le temps est le même pour les personnes qui s'enlacent. "On fait alors partie d'un tout. On est important pour les autres, et eux sont importants pour nous. Toucher l'autre, c'est se sentir exister". En général, il faut entre cinq et sept câlins par jour pour se sentir apaisé. Les enfants en ont plus besoin, mais les petits comme les grands vont ressentir le moment où ils ont reçu leur dose. Un sentiment de quiétude les envahit. Comme s'ils étaient alignés. "Nous sommes plus apaisés car l'ocytocine vient contrôler le cortisol, l'hormone libérée quand nous sommes en stress. L'ocytocine rebooste alors notre système immunitaire".
Comment avoir notre dose de câlins en 2021 ?
Difficile de se câliner en 2021. Où trouver alors notre dose de réconfort ? "On peut pratiquer la méditation, c'est une façon de se mettre en lien aux autres et à l'autre en règle générale. On réalise le ménage en soi pour souffler. On a besoin de temps de pause. On se trouve en ce moment dans des situations de stress, d'inquiétude, d'anxiété. On ne sait pas de quoi demain sera fait" analyse Céline Rivière. La neuropsychologue conseille de se retrouver dans des situations dans lesquelles se dégage une source de chaleur comme la pratique de l'automassage, s'habiller avec des matières douces et agréables pour la peau.
Et puis, il y a les animaux de compagnie, plus importants que jamais en ces temps particuliers. "On peut les caliner sans avoir peur, ce n'est pas interdit. Ce n'est pas étonnant de voir des personnes ayant adopté des chiens ou des chats depuis le premier confinement. Les animaux nous remettent en lien. On donne de l'amour, on en reçoit. On retrouve la fonction du câlin : être capable de manifester de l'intérêt et de l'amour".
Que va devenir le câlin après la pandémie ?
Une fois le coronavirus derrière nous, notre rapport au câlin sera-t-il le même ? Céline Rivière se veut optimiste. "C'est une expérience mondiale qui montre combien on a besoin de câlins, combien c'est important. Quand tout cela va s'arrêter, cela va être une grande joie. Ce sera le retour du toucher". La neuropsychologue insiste sur le fait que des gens risquent d'être traumatisés. "L'autre, qui était au départ une source de bien-être, a été perverti. En touchant l'autre, on se contamine, on prend un risque. L'autre peut me tuer. La pandémie passée, la qualité sera plus importante que la qualité. On choisira les personnes que l'on souhaite serrer". Il ne nous reste plus qu'à attendre. Mais pas trop longtemps. Dix mois sans câlins, c'est déjà trop long.
Suivez So Soir sur Facebook et Instagram pour ne rien rater des dernières tendances en matière de mode, beauté, food et bien plus encore.
