Le cuir : une touche design à votre intérieur

Avec sensualité et authenticité, les peaux et cuirs occupent une place spéciale dans l’univers du design. Et les savoir-faire attachés à sa tradition s’émancipent vers de nouvelles techniques, de nouveaux horizons, que nous avons explorés pour vous.

PAR AGNÈS ZAMBONI. PHOTOS D.R. SAUF MENTIONS CONTRAIRES. |

C’est le symbole de la Haute Couture en design, la matière devenue objet de désir, un matériau tactile. Le travailler est un art. Tanné, imprimé, calandré et même brodé, on l’assemble ensuite pour recouvrir un siège, gainer un objet.

En haut de l’échelle de la qualité, le cuir “pleine fleur” qui a conservé toute l’épaisseur de la fleur, partie supérieure du derme ou des poils. Résistant imperméable, il peut recevoir différentes finitions dont certaines très soignées et très lisses. Outre le cuir “pleine fleur”, on préconise aussi l’utilisation du cuir “fleur corrigée” (on dit aussi poncée, rectifiée ou reconstituée) qui régularise l’aspect de la peau et donne un relief artificiel grainé.

Le cuir “plongé”, généralement une peau d’agneau coloré par immersion et non protégé, offre un aspect souple, doux mais il est fragile et cher. Le nubuck, lui, n’est pas pleine fleur, puisqu’il est poncé. C’est un produit issu des peaux d’agneau, de veau ou de buffle avec un aspect patiné et velouté caractéristique. Le daim ou suède est un cuir de porc à l’aspect velours obtenu par ponçage de la partie envers de la peau.

Enfin au bas de l’échelle, la croûte de cuir, un cuir épais et fibreux obtenu après tannage et de qualité inférieure, qui doit être poncé pour lui donner un aspect velours. 

Une matière vivante

Le cuir se découpe, se met en forme, se tresse, s’assemble comme un tissu. Son assemblage s’effectue avec des points de couture, des œillets spéciaux ou des collages. Et sa belle patine acquise avec le temps – si on l’entretient correctement en le nourrissant régulièrement – ne fait qu’accentuer son impact visuel. Le cuir accompagne aussi l’innovation technologique en accueillant des traitements à toute épreuve sans modifier ses qualités de souplesse et de respiration.

On trouve aussi des cuirs “nappés” ou “voilés souples” qui sont plongés dans un traitement protecteur pour résister au soleil, aux intempéries et adaptés à la fabrication de sièges d’extérieur. Quant au cuir “grainé”, le traitement qu’il subit fait ressortir son grain, mais modifie son aspect naturel. L’effet de cuir vieilli est réalisé à partir de peau de mouton, de veau ou de vachette pigmentée et ombragée en surface pour obtenir un aspect patiné. Quel que soit son traitement, le cuir, matériau issu du vivant, est assez imprévisible. Sa qualité dépend de l’animal, de l’épaisseur, de sa fleur, du tanneur qui l’a travaillé. Sa sensibilité aux tâches peut être contrecarrée par le traitement Scotchguard®.

Tandis que l’on étudie la mise au point de cuirs lavables en machine pour fabriquer des housses de siège, la fabrication du cuir réputée polluante, devient aussi de plus en plus écologique. La notion de “cuir végétal” fait, elle, référence à un cuir de tannage naturel qui utilise, selon une méthode ancienne, l’écorce de Pruche (arbre issu de la famille des Pinaceae, ndlr) ou de chêne. Le cuir végétal, un des rares cuirs à ne pas être assoupli et teint au tannage, garde un fini naturel. Mais il ne possède ni la résistance du matériau originel ni ses qualités structurelles.

Des créations actuelles

Collaborant avec de nombreux designers, Bruno Domeau, ancien sellier et éditeur (maison Domeau & Pérès) tente d’apporter un nouveau souffle aux techniques classiques pour diversifier son image : "Nous pensons d’abord à l’usage et à la fonction tout en trouvant de nouvelles solutions. Mais les créations ne doivent pas ressembler à des œuvres d’art. Un siège doit rester un siège, ce n’est pas une sculpture. Pour chaque projet, on propose au designer un cuir adapté."

Pour Jyn et Jon, les noms d’un siège et d’un repose-pieds (créations de Pablo Reinoso), Bruno Domeau a utilisé un garnissage en bloc de mousse sculpté avec des facettes à la façon d’un diamant. Le cuir sert ici de structure à l’ensemble, en contraignant la mousse sur le principe d’un sandwich de matières qui “s’autobloquent” en tension extrême. Le cuir de veau brut, légèrement gras, apporte richesse et chaleur aux formes épurées des sièges. "Agneau, buffle, taureau, ou vache, les peaux que nous travaillons sont issues de techniques anciennes de tannage végétal ou traitées au chrome. Sur une belle peau, on doit sentir le grain naturel, comme sur du bois. Ses nuances et ses imperfections prouvent que la matière n’est pas tartinée de peinture, par exemple. Sur les cuirs naturels de taurillon, on peut encore voir les veines du cou de l’animal et du bas-ventre."

Pour le designer belge Damien Gernay, la matière est un mode d’expression à travers lequel il traduit sa sensibilité. Il a choisi le cuir pour décrire une émotion, une sensation particulière. Les matières sont mon langage, mes mots... La création, c’est comme une phrase. Et l’accouchement de l’œuvre est parfois long : "La table Mer noire en cuir de Flandre m’a demandé deux ans de développement... Je voulais capturer le moment présent et fixer à jamais un fragment de la surface de la mer. Le cuir donne vie à la table qui semble bouger avec le reflet de la lumière." Dans la peau des cuirs, chaque création raconte une histoire !

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