Pic de pollen annoncé ce week-end: que faire si vous êtes allergique

Coup dur pour ceux qui souffrent d’allergie au pollen, alors qu’un vilain pic s'annonce durant ce week-end caniculaire. Le problème touche d'ailleurs de plus en plus de monde. Rencontre avec un allergologue pour comprendre le phénomène et mieux le gérer. 

Par Camille Vernin, Photo : Unsplash |

Une masse d’air chaud qui touche actuellement l’Espagne, le Portugal et la France est en train de monter jusque chez nous. Samedi sera le premier jour tropical de l’année selon l’IRM, avec des températures supérieures à 30°C dans la plupart des régions du pays. Une baisse de mercure est ensuite à prévoir dimanche, accompagnée de perturbations orageuses. Des températures idéales pour une virée à la mer ou un barbecue au jardin, un peu moins agréable pour ceux qui souffrent d’allergie au pollen. Un pic est en effet à prévoir. Pour comprendre la situation, nous avons rencontré le Docteur Vasiliu, médecin spécialiste en allergologie. 

La vidéo du jour : 

Comment la météo influence le taux de pollen dans l’air ? 

Docteur Vasiliu : On prévoit qu’il va faire beau, chaud et sec. Toutes ces conditions réunies favorisent le développement des plantes. L’augmentation du taux de CO2 dans l’atmosphère joue également un rôle. Avec le réchauffement climatique, on observe que les saisons allergiques sont plus longues, car l’été rallonge et le printemps diminue. On connaît des pics polliniques plus importants, ils sont en moyenne quatre fois plus élevés qu’il y a dix ans.

Doit on s’attendre à un pic de pollen ce week-end ? 

Oui, cela risque d’être difficile pour les personnes allergiques ce week-end, particulièrement ceux qui souffrent d’une rhinite et conjonctivite allergiques. Les pics polliniques font partie d’un cycle qu’il est cependant difficile d’anticiper. Ils sont influencés d'abord par les vents qui font migrer des pollens et graminées d’autres pays jusque chez nous, ensuite par la longueur des jours de forte chaleur mais aussi de la météo des jours précédents. 

Ici, on va récupérer le gros pic pollinique du début du mois de juin qui s’était calmé ces derniers jours. Nous avions des valeurs faibles jusqu’au 10 juin et on constate aujourd’hui que la courbe est ascendante. Pour faire chuter le pollen, il faut généralement une bonne pluie. Les plantes sont mouillées et le pollen est moins facilement aéroportés. 

Pourquoi de plus en plus de personnes sont allergiques aujourd’hui ? 

C’est l’effet des saisons devenues anormalement longues, et qui ont pour conséquence de produire des pics polliniques historiques. Nous sommes exposés à des quantités de pollen de plus en plus importantes. Statistiquement, on observe une explosion des maladies allergéniques, que ce soit respiratoires, alimentaires ou cutanées, et ce partout en Europe (et car c’est aussi ici qu’on mène le plus d’études sur le sujet).

Les changements de saisons et la pollution sont en cause mais ces allergies sont aussi le résultat de notre mode de vie. Nous vivons grandement coupés de notre environnement, dans des milieux de plus en plus aseptisés, ce qui nous permet de vivre plus longtemps, mais qui nous prédispose aussi à de plus en plus de maladies. Le Covid n'a pas aidé. En réalité, notre système immunitaire est fait pour faire face à des tonnes de bactéries. On observe aujourd'hui une multiplication d'apparitions de maladies allergéniques comme la rhinite, l'asthme ou la dermatite atopique. 

Quand se faire désensibiliser ?

Généralement, le trio antihistaminique oral, spray nasale, et douche nasale avec de l'eau saltée fonctionne pour tout le monde. Mais certains vont continuer à avoir des symptômes persistants malgré un traitement classique bien mené. C'est-à-dire un gros rhume, avec des symptômes ORL perturbants mais aussi parfois une grade fatigue, de la somnolence et des difficultés à se concentrer. Il s’agit de la population-cible pour la désensibilisation. D’ailleurs, elle fonctionnera d’autant mieux chez les personnes avec des allergies sévères. Certains observent une diminution des symptômes de 80% dès la première année, c'est donc très efficace. Mais le prix reste souvent un problème, car seules quelques mutuelles remboursent en partie la désensibilisation aux pollens.

Il faut aussi savoir que la désensibilisation commence 3 à 4 mois avant l’arrivée dans l’air du pollen qu’on souhaite désensibiliser. Les graminés, par exemple, commencent généralement au mois d’avril, avec les premiers pics dans la première quinzaine du mois de mai. Le traitement dure généralement jusqu’à la fin de la pollinisation en juillet/août. Il s’agit de gouttes ou de comprimés à prendre tous les jours. La plupart des études démontrent que cette désensibilisation peut être efficace pendant les deux à trois années qui suivent. L'idéal est de suivre 3-4 ans de désensibilisation consécutive. 

Quels endroits éviter pendant les pics de pollen ? 

Les graines et pollens sont transportés jusque très loin. Ce n’est pas en partant à la mer qu’on pourra y échapper, par exemple. Les masques non plus ne sont pas très efficaces car ils ne couvrent pas les yeux. D’ailleurs, les températures ont augmenté partout dans le monde, il ne suffit plus seulement d’aller se cacher dans le Nord. On a en Belgique des pollens d’oliviers qui viennent d’Italie, des poussières du Sahara… donc ce n’est pas une question de distances mais des mouvements des grandes masses d’air. L’important est surtout d’éviter de faire des efforts physiques intenses dehors, de bien vérifier les filtres de pollens de votre véhicule, de fermer les fenêtres en journée et d’investir éventuellement dans un filtre à air de type HEPA, bien que leur efficacité n’ait pas encore été prouvée cliniquement.

Ne manquez plus aucune actualité lifestyle sur sosoir.lesoir.be et abonnez-vous dès maintenant à nos newsletters thématiques en cliquant ici.