Robijn : le bar à vin flamand sans prétention pour redécouvrir l'accord mets-vin

Comme chaque semaine, nos chroniqueurs food Carlo De Pascale et Florence Hainaut vous font découvrir leur coup de coeur... Ils vous emmènent aujourd'hui chez Robijn, à Genk. 

TEXTE E T PHOTOS : FLORENCE HAINAUT ET CARLO DE PASCALE |

Allez Florence, je t'emmène en Flandre, à Genk, dans le Limbourg ; on m'a rencardé un bar à vin où l'on mange bien. Nous voilà donc chez Robijn, dans une rue sans âme de l'ancienne ville minière. Il faut dire que nous n'avons pas vraiment trouvé ici de rue avec une âme, mais tout y est propre et bien rangé.

Robijn, fondé en 2021, est un bar à vin où l’on cuisine vraiment, nous allons le découvrir très vite. L’atmosphère, en ce soir de mars, est chaleureuse, sombre, rehaussée de bougies. Le restaurant est bondé d’une clientèle locale et moins locale, éclectique, jeune, bourgeoise, parfois. Le maître de maison, c’est Tim Vos, qui se révèlera être un hôte passionnant et un vrai dingue de vins. Passionné, connaisseur, mais sans préjugés. Nous sommes ici dans une petite ville, avec des clients de profils très différents, la carte des vins sera forcément éclectique. Disons-le illico sans spoiler le reste : pour fréquenter, amis lecteurs, souvent ce genre de maisons dans toute la Belgique et ailleurs, rarement, nous aurons été autant choyés et conseillés.

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À boire

Pourquoi je vous parle – pour une fois – du vin avant de vous parler de la cuisine ? Parce que le souhait de Tim, c’est que chez lui, on choisisse le vin avant les plats, que l’on fasse en quelque sorte l’accord à l’envers. Toutefois, le garçon n’est pas dogmatique et l’on peut aussi pratiquer l’accord à l’endroit, surtout quand les verres sont vides et que les plats sont là ! Parce que certes, la carte des vins, et des vins au verre, est longue, riche, variée, mais à manger, l’offre va bien au-delà des planchettes de jambon serrano et de cubes de Comté. Ici, on s’envoie aussi bien du produit tout simple, mais du très bon, comme on peut opter pour de la vraie cuisine bien cuisinée. On commence – dans les verres – par une bulle cuvée belge Robijn (12 €, un autre Robijn, apparemment), légèrement teintée (les experts disent “œil-de-perdrix”), qui réveille les papilles comme un jus de citron le matin, mais sans râper la langue, une merveille pour se mettre en jambes.

Dans l'assiette

À la carte, on pioche, sachant que l‘on pourra repiocher (attention, la cuisine ferme à 22 h et si, comme nous, vous vous pointez à 21 h, il ne faudra pas traîner pour commander ou re-commander). Huîtres umami (16 €) , quatre huîtres, dont deux secouées par un condiment yuzu, huile d’olive, soja ; c’est là que Florence commence à se tortiller doucement sur la chaise haute, mais son grand moment régalade sera l’assiette de coques dashi (25 €) – en creamy sauce – dont on épongera le jus en mode "scarpetta" avec l’excellent pain maison. J’échappe pour une fois à la honte de “Flo-qui-lèche-son-assiette” en lui vendant le boniment que dans le Limbourg, c’est strictement prohibé par une bienséance bien plus dogmatique qu’ailleurs. On pensait avoir fait le tour des mots japonais (si dans un resto branchouille, il n’y a pas au moins trois mots japonais, le patron est un boomer), et arrive le carpaccio wagyu.

Dans cet enchaînement déstructuré (à notre initiative), que boit-on après la cuvée belge ? 30 % de ma carte de pinards est nature, et je garde sous le coude des merveilles pour amateurs de sensations fortes, nous explique Tim. Nature, nature !, dit mère-nature-Florence. D’accord, et on se prend dans les dents un rarissime zibibbo sec de Pantelleria, Ghiaca de Bbirbiciù (13 € le verre) et on enchaîne, avec un Riesling sur lie (Freimut, 9 € le verre). J’essaie un Pas mal, ce Dirk Freimut, mais je me souviens que Florence déteste les jeux de mots que personne ne comprend. On continue à manger dans le désordre avec d’excellentes rillettes (9 €) et une pluma de cochon ibérique (20 €), pour laquelle nous aurons le tort de commander des frites et de la mayo en complément ; primo parce que l’appétit était déjà apaisé et deuxio, parce que ce n’était pas à la hauteur du reste.

Dessert ? Oui… mais non : je me lance dans un accord vin-plat sans plat, à savoir un passerillé du Friul (12 € les 6cl, j’ai tout raclé au doigt) qui m’emmène très, très loin, bien mieux qu’un dessert. On signale en passant, qu’à midi, on peut s’offrir un menu trois services à 39 €, avec même un accord vins “spécial Bob” à 10 € pour retourner au boulot sans siester. Clairement, Robijn se savoure le soir, car si la cuisine ferme à 22 h, on peut continuer à se rincer le gosier, avec modération, bien sûr, jusque bien plus tard.

Verdict

Nous avons fait des kilomètres pour rencontrer Robijn (et donc Tim) et nous ne l’avons pas regretté. La Belgique, c’est petit, et dès que c’est bon, d’Arlon à Ostende, une adresse vaut souvent le petit voyage. L’addition monte assez vite, mais nous sommes de plus en plus convaincus que la qualité et le talent de l’hôte, du chef, et du service méritent un juste salaire et donc, un juste prix !

Où ? 199 Vennestraat, 3600 Genk. T. 0474.64.91.01, wijn-robijn.be

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