Sharenting : quel est ce geste anodin qui peut avoir de lourdes conséquences pour nos enfants ?

En 2023, dégainer son téléphone à tout-va pour immortaliser chaque instant est devenu tout à fait normal, mais un phénomène en particulier inquiète de plus en plus. On vous explique !
 

Par Anissa Hezzaz. Photos : Unsplash. |

Vous faites peut-être partie de ceux qui aiment partager des photos avec leur communauté. Que ce soit sur Instagram, Facebook, TikTok ou encore Snapchat, partager des moments de son quotidien est presque devenu un rituel pour beaucoup d’entre nous. Une étude menée en 2020 par Kantar, leader mondial du data, déclare que l’utilisation des réseaux sociaux a augmenté de 61 % durant le confinement à l'échelle mondiale. Selon la dernière étude de Kepios / We Are Social / Meltwater dédiée à l’usage des réseaux sociaux dans le monde, les Belges âgés de 16 à 64 ans passent en moyenne 1h34 par jour sur les réseaux sociaux. Ce qui, quand on compare à la moyenne mondiale, est tout à fait raisonnable, puisqu’à l’étranger, la même population y passe environ 2h30. Ce n’est donc pas tellement dans le temps que nous passons devant les écrans qui inquiète, même si l’exposition à la lumière bleue est à l’origine de nombreux problèmes de santé, mais plutôt dans l’usage que nous en faisons qui pose question.

Le rôle du bien-être dans le développement de l'enfant :

Une pratique risquée

Une nouvelle pratique a vu le jour sur les réseaux sociaux : le sharenting, soit la contraction des mots “share” ( qui veut dire partager), et “parenting” (qui veut dire parentalité). Si vous faites partie de ceux qui ont l’habitude de poster des photos de leurs enfants sur les réseaux sociaux, vous le faites donc sans le savoir du sharenting. Plus de la moitié des parents admettent avoir déjà mis en ligne des images de leur progéniture, comme l’affirme une étude de l'Observatoire de la parentalité et de l'éducation numérique. Fier de montrer l’évolution de leur enfants, les couples n’hésitent plus à immortaliser les moments de vie qu’ils traversent, sans forcément penser plus loin.

Si ce geste vous paraît anodin, il n’est pourtant pas sans conséquences. Une vidéo diffusée par la société de télécommunication allemande Deutsche Telekom montre ce qu’un simple cliché publié sur les réseaux sociaux pourrait devenir. Dans cette vidéo, on découvre comment l’intelligence artificielle peut créer une version adulte d’un enfant grâce à une seule photo publiée sur les réseaux. La photo d’Ella, 9 ans, donne alors naissance à un avatar plus vrai que nature qui décrit à ses parents les risques de s’adonner à une telle pratique : création de deepfake (trucage très réaliste) à partir de son image et de sa voix, moqueries ou cyberharcèlement, ou publication d'images sur des sites pédopornographiques. En période estivale, particulièrement, quand on affiche nos enfants en maillot de bain, ou en tenue légère, cela peut d’autant plus attirer les personnes malveillantes.

Ces conséquences dramatiques nous font tout de suite penser à un épisode de science-fiction tout droit sorti de Black Mirror, mais au-delà de ces scénarios, la simple publication d’une photo d’un enfant lui crée déjà une identité virtuelle. Ce qui, à l'avenir, pourrait lui porter préjudice. Sans compter que l’enfant pourrait, une fois qu’il aura atteint la majorité, porter plainte contre ses parents pour avoir publié des clichés sans son consentement.

Publier des photos de son quotidien peut également s’avérer dangereux à d'autres égards. Selon une étude menée par Kiwatch, une entreprise de vidéosurveillance, cela augmenterait aussi le risque de se faire cambrioler. En zoomant sur une image, un internaute mal intentionné pourrait réussir à déchiffrer le paysage reflété dans vos yeux et potentiellement trouver votre adresse.

Quelques précautions à prendre avant de publier des clichés de ses enfants sur les réseaux sociaux :

  • Commencez par limiter la portée de vos publications : si vous publiez des photos de vos enfants, faites-le en mode privé et en limitant l’accès à un entourage proche. Gardez en tête qu’une fois publié sur les réseaux sociaux, vous n’avez plus le contrôle sur vos images.
  • Évitez à tout prix les photos compromettantes : vous êtes peut-être très fier de voir que votre enfant va sur le petit pot ou commence à s’habiller tout seul, toutefois, ces images l’expose particulièrement à certains risques cités plus haut, comme l’utilisation de ces photos à des fins pornographiques, etc.
  • Évitez aussi de publier des informations relatives à l’identité de votre enfant, comme son nom, sa date de naissance. Si vous souhaitez publier une photo relative à son anniversaire par exemple, faites-le plusieurs jours après sa date de naissance.

Enfin, sachez que même Mark Zuckerberg en personne prend des précautions lorsqu’il publie des clichés de ses enfants en cachant leur visage. Alors, si le PDG de Facebook n’y échappe pas, mieux vaut rester prudent ! 

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