« Shrinkflation » : quel est ce phénomène qui touche nos paquets de chips ?

Vous est-il déjà arrivé d'ouvrir un paquet de chips et d'être surpris par l'étonnante quantité d'air à l'intérieur ? Ce phénomène a une explication. 

Par Camille Vernin, Photo : Unsplash |

La guerre en Ukraine a mis le focus sur l'inflation des produits énergétiques et de nombreuses matières premières. Il faut désormais payer plus cher pour un plein, pour se chauffer, pour les aliments à base de blé (pour rappel, la Russie et l'Ukraine sont les principaux exportateurs mondiaux) et la liste ne s'arrête pas là. Un phénomène similaire, mais beaucoup plus insidieux toucherait nos paquets de chips. Son nom ? Le "shrinkflation". Contraction de "shrink" (rétrécir) et d'inflation, cette technique commerciale consiste à vendre au même prix et dans le même emballage, moins de contenu. L'idée derrière ? Il serait moins difficile pour les consommateurs d'accepter quelques grammes en moins que quelques centimes en plus. 

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Cette technique subtile et sournoise des grandes marques pour camoufler la hausse des prix se déploierait d'ailleurs sur beaucoup d'autres produits selon Korii. Elle se traduit par un peu moins de feuilles autour du papier toilette, un peu moins de croquettes dans le sac pour son animal de compagnie ou encore un peu moins de céréales dans sa boîte le matin. Sur Reddit, une véritable chasse à la pratique du "shrinkflation" est d'ailleurs née, où les utilisateurs n'hésitent pas à dénoncer les subterfuges des marques pourtant très célèbres. On y voit un pot de yaourt avec l'inscription "avec de la place pour les toppings" photographié ou des packs de lingettes blanchissantes vendus pour le même prix et dans le même emballage passer de 5 à 3 lingettes par paquet. 

Cinq chips en moins par paquet

Interrogé par l'AFP, le professeur de marketing à la Sorbonne Pierre Chandon explique : "La plupart des consommateurs ont l'idée fausse que les quantités sont standardisées, régulées. Parce que nous pensons que le poids est fixe, nous n'y prêtons guère attention". D'ailleurs, la "skrinkflation" n'est pas illégale, du moment que l'étiquetage est conforme, nous informe Le Figaro. La seule exception concerne l'alcool, dont la concentration par unité est strictement réglementée. Certaines entreprises ne s'en cachent d'ailleurs plus. Le géant Frito-Lay (qui possède notamment Cheetos, Doritos et Lay’s) a récemment annoncé qu'il allait diminuer son nombre de chips par paquet pour faire face à l'inflation. Selon Quartz, la compagnie aurait décidé de supprimer cinq chips par paquet. 

Un changement qui semble dérisoire pour le consommateur, mais qui permettrait une économie considérable aux entreprises. Lay's, en réduisant d'une demi ounce (soit 14 grammes) un sac tout en laissant le prix inchangé lui permettrait de faire une économie de 21 centimes par sac. Sur un total de 200 millions de sacs vendus, c'est donc une économie totale de plus de 50 millions de dollars selon le Time.

Un changement irréversible 

Le danger de cette méthode ? Le professeur de marketing à l'université de Central Florida, Anand Krishnamoorthy, dévoile dans une interview consacrée au sujet qu'en général, "une entreprise n'est pas incitée à baisser ses prix une fois que l'inflation est passée" Le changement devient donc bien souvent définitif. Il rappelle cependant que cette méthode n'est pas l'apanage de l'agroalimentaire. On peut retrouver de nombreux autres exemples dans d'autres secteurs comme le développement des appartements de petites surfaces, les modèles de voitures compactes ou l'aménagement des avions de ligne pour contenir un maximum de passagers au mètre carré.

Interviewé par BFM TV, Pierre Chandon y voit cependant un avantage : la santé. "On sait que plus il y en a, plus on en mange", affirme-t-il. "Grâce" à la shrinkflation, "on est en train de revenir vers ce qui était des portions normales il n'y a pas si longtemps." Pas sûr que ça nous console...

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