Polo est marseillais. Comment s’est-il retrouvé à Bruxelles ? En résumé, après le cours Florent et un début de carrière prometteur comme acteur à Paris, il suit une formation dans la gastronomie, ouvre son resto, ne voit pas la lumière du jour pendant cinq ans, revend le tout et décide de souffler un peu. Il rejoint un ami à Bruxelles, pour faire un peu la fête, un mois tout au plus. Et nous voilà rue des Alexiens, dans un endroit où on a tout aimé : la déco colorée, la décontraction, l’humour et la cuisine, la playlist (plus millenial que boomer, mais Carlo est un être d’une souplesse extrême, surtout quand je bats les mains de joie). Pour le vin, on laisse faire Polo, il est a priori bien placé pour savoir ce qu’on va aimer quand je demande un truc sans sucre et sans élevage. Ce sera une bulle, La spettinata bianca de Masseria La Cattiva. Soit une bande de potes dans les Pouilles qui fait du vin propre, léger comme une limonade (ou presque), avec ce qu’il faut d’acidité.
La carte donne envie de tout prendre
Le maître des lieux calme nos ardeurs : tout, c’est peut-être un peu beaucoup. On commence avec des filets de sardines fraîches (et crues), marinés à l’huile, ail et persil, posés sur une grosse tranche de pain au levain grillée tartinée de beurre monté au sumac et surmontée d’un petit terril d’herbes fraîches : coriandre, cerfeuil, menthe, cresson (8 €). J’ai de l’estragon jusque dans les sourcils, mais il n’arrive pas à cacher mes yeux qui brillent. C’est malin, généreux et surtout très, très bon. Arrive une burratta si crémeuse qu’elle pourrait passer pour une stracciatella. Dessus, de la poutargue râpée et du cerfeuil frais. En lieu et place des couverts, la croûte du pain frais et encore chaud que Polo nous apporte (13 €). On passe au vin rouge, toujours en laissant faire le pro : Limite acque sicure de Controvento, un vin des Abruzzes aérien et légèrement effervescent, genre de petite rincette du palais, présente mais pas encombrante. Et qui accueille parfaitement les buffalo wings de cailles (16 €), version gourmette de la junk food américain. Polo fait venir sa sauce piquante des États-Unis, il la monte au beurre pour qu’elle enrobe bien ses petits cuissots de cailles. Et sert le tout avec une sauce au bleu pour apaiser le feu (de Carlo, moi ça va). Comme tout le reste, c’est généreux, ça se mange à moitié avec les doigts. Et la sauce buffalo va rejoindre l’estragon dans mes sourcils. On termine avec le chou-fleur rôti au tahini (purée de sésame), coriandre et pignons de pin (9 €). Polo ne peut pas cacher qu’il fan du chef Yotam Ottolenghi et nous dissertons longuement sur les vertus du sumac et de la harissa à la rose (les vrais fans savent pourquoi). On finit avec un simili snickers (7 €) fait par Simply Natural Lab, le coffee shop / pâtisserie vegan qui occupe les lieux en journée. Et un verre de Giandon d’Il Farneto, un rouge plus puissant, macéré sur peaux, dont les tannins doux me rappellent que tannique n’est pas forcément un gros mot.
Verdict
On sort avec une note qui avoisine les 90 € (8 verres de vin + plats + dessert), mais en sachant qu’elle est adaptable à tous les budgets selon qu’on boit et mange plus ou moins et des choses plus ou moins chères. Cet endroit, hors des quartiers, où les bars à vin nature poussent comme des champignons, est l’antre de Polo. Tout y est à son image, et c’est parfait !
L'adresse ? Palette Wine Bar, 73 rue des Alexiens, 1000 Bruxelles.
Ouvert du mardi au samedi de 17h à minuit. Plus d'infos sur Facebook.
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