"Il paraît que l’esthétique de la femme de mafieux est de retour… Le style de Connie Corleone, le personnage interprété par ma sœur Talia Shire, était celui d’une princesse italienne sulfureuse et délicieuse". En janvier, Francis Ford Coppola, 84 ans, publiait ces lignes sur Instagram. Accompagné de deux photos – une de Talia Shire et une autre de Diane Keaton – issues de sa trilogie Le Parrain, le post a été largement commenté. Ce n’est pas un hasard : le mythique réalisateur de cinéma peut se targuer d’avoir créé le style mob wife. La mob wife – “femme de mafieux” en français – est, depuis plusieurs semaines, une star sur les réseaux sociaux.
En vidéo, on décrypte la tendance des robes recyclées sur le tapis rouge :
La mob wife n'a peur de rien
Si sur TikTok, les tendances de mode vont et viennent à une vitesse parfois difficile à suivre, cette fois-ci, difficile de passer à côté – le hashtag #mobwife cumule près de deux millions de vues ! "Fini la clean girl, place à l’ère de la femme de mafieux", affirmait, début janvier, l’influenceuse Kayla Trivieri. À quoi on la reconnaît ? À ses manteaux de fourrure (vraie ou fausse), à ses total looks noirs, à ses talons hauts, à sa ribambelle de bijoux dorés et diamantés, à ses chemisiers noirs ou à imprimé léopard… Côté beauté, elle ne sort jamais sans des ongles parfaitement manucurés, du rouge sur les lèvres et les cheveux “brushingués”.
Si vous ne voyez pas, allez voir du côté des séries télé et du cinéma. On a déjà mentionné Le Parrain, donc. On pointera aussi le personnage d’Elvira Hancock dans Scarface (1983). Incarnée par Michelle Pfeiffer, l’épouse de Tony Montana se pavane en robes de satin à fines bretelles et bijoux en diamants – et clope au bec, évidemment. Ou encore Sharon Stone dans Casino. Dans la série télévisée Les Soprano (début des années 2000), le personnage de Carmela est, malgré les difficultés et les galères, toujours apprêté et bien coiffé. Dans une interview au journal Washington Post, Juliet Polsca, la costumière de la série, déclarait à propos de la mob wife : "Il s’agit d’une attitude, de n’avoir peur de rien".
Michelle Pfeiffer dans le film Scarface
L'anti-quiet luxury
Les célébrités se sont évidemment emparées de la tendance : la chanteuse Dua Lipa, les mannequins Hailey Bieber et Kendall Jenner, Jennifer Lopez… Elles multiplient les apparitions en manteau de fausse fourrure et lunettes de soleil aux verres fumés. Autant dire qu’il s’agit du contraire du quiet luxury, ce luxe discret qui, l’année dernière, déferlait sur la mode. En effet, la mob wife est tout sauf quiet : elle se fiche des convenances et du prétendu bon goût. "La mob wife est audacieuse, dure, aventureuse et affranchie", explique Sarah Arcuri, influenceuse américano-italienne spécialiste en la matière.
Comment expliquer cet engouement ? Pourquoi a-t-on envie de s’habiller comme les femmes des mafieux des années 1980 ? Le phénomène peut s’expliquer par un désir d’exubérance, une envie de s’habiller et de s’amuser avec la mode. Un ras-le-bol des blancs, beiges et camels immaculés. Lorsqu’on s’habille comme une femme de mafieux, on privilégie les vêtements sexy et empowering comme une armure.
La mob wife, version Sharon Stone, dans le film Casino
Si au cinéma, la femme de mafieux connaît son apogée dans les années 1980 et 1990, elle n’en demeure aujourd’hui pas moins moderne. Certes, ses valeurs ne sont pas toujours recommandables. Mais l’idée est surtout de s’en inspirer en y insufflant une touche de second degré – et il s’agit avant tout d’une occasion de bien s’habiller. Dans une récente interview à Business Insider, Jennifer Graziano, scénariste américaine et créatrice d’une série de télé-réalités baptisée précisément Mob Wifes, a déclaré : "Je ne pense pas qu’en s’habillant comme ça, on légitime la violence. Tout le monde peut s’habiller comme une mob wife… Nous ne glorifions pas les hommes de la mafia. Seulement les femmes qui se sentent puissantes". Alors, qu’est-ce qu’on attend ?
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