Avoir la flemme et ne rien faire serait aussi bon qu’une séance de sport

Une longue journée de flemme pourrait-elle être aussi bonne pour la santé qu'un entraînement de sport ? Une nouvelle étude vient exploser toutes nos idées reçues. On vous dit tout.

Par Camille Vernin, Photo : Pexels |

À l'ère de l'hyperconnexion et de l'hypersollicitation au travail, difficile d'échapper au rythme infernal de la vie quotidienne. Entre le boulot, les hobbies, le sport, la famille et les potes, beaucoup se sentent tout simplement dépassés. Un tempo d'autant plus difficile à gérer que beaucoup ont intégré ce mode de vie comme un quotidien normal voire banal. On vous parlait récemment du busy bragging et de notre méchante (mais inconsciente) habitude à vouloir remplir toutes les cases de notre agenda pour nous sentir utiles et importants. 

La vidéo du jour : 

Le "repos éveillé", mieux que la gym 

Une nouvelle étude vient cependant mettre à mal ce style de vie surchargé. Au point de postuler qu'une séance de flemme serait peut-être une solution plus efficace pour le corps et l'esprit qu'une séance de sport. Derrière cette proposition volontairement provocatrice, une étude tente de montrer à quel point nous manquons de moments "vides", où nous ne faisons rien. ll ne s'agit donc pas simplement de prendre une pause pour scroller sur son feed Instagram ou d'écouter tranquillement un podcast, mais de ne rien faire du tout, strictement rien. 

Les chercheurs de l'Occupational Sleep Medicine Group de l'Université de l'État de Washington appellent cet état le "repos éveillé". Dans leur étude publiée dans le média Sleep, ils expliquent qu'il s'agirait de la "quatrième pièce du puzzle" dans la pierre angulaire du bien-être que représentent l'exercice, la nutrition et le sommeil. Le repos éveillé est "une période de calme et de réflexion qui laisse au cerveau le temps de considérer et de traiter tout ce qui se présente spontanément", explique l'autrice principale de l'étude, le Dr Amanda Lamp. C'est "sortir consciemment de soi, de ses échéances, de ses listes de choses à faire et de tout ce que l'on pense être important, et laisser à son cerveau le temps de réfléchir à ce qui doit être traité, consolidé, réfléchi, préparé, ou quoi que ce soit d'autre." 

Célébrer l'oisiveté

Alors que notre obsession contemporaine pour le bonheur et le bien-être nous poussent vers la pleine conscience, le minimalisme, la tendance slow life ou du sommeil en suffisance, personne ne nous parle spécifiquement de l'importance d'être à la fois éveillé mais non assigné, de s'immerger complètement dans la quiescence, dans le néant total. Pendant ce repos éveillé, vous pouvez rester actif comme plier le linge ou passer le balai, mais vous ne devez pas vous engager mentalement dans quoi que ce soit, pas même écouter de la musique. 

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Alex Soojung-Kim Pang, auteur de "Rest: Why You Get More Done When You Work Less", va encore plus loin et propose le "repos délibéré", c'est-à-dire une demi-heure par jour que l'on décide de réserver à ne rien faire. C'est une pause que l'on décide de ne consacrer ni au sport, ni à ses obligations sociales, mais uniquement au fait de permettre à son corps et à son cerveau de se mettre sur "off" pour fonctionner correctement et être en meilleure santé. 

Une épidémie de flemme ? 

Preuve de ce besoin urgent de se recentrer, une "grande flemme" serait en train de toucher notre société post-Covid selon Le Figaro Magazine. On sait que la pandémie et les confinements successifs ont bouleversé nos modes de vie, que ce soit dans notre sphère privée ou professionnelle, mais on a moins abordé l'impact de la Covid-19 sur la motivation des individus, leur capacité à effectuer un effort mental et physique et leur résistance aux aléas de la vie.

Et pour se faire encore plus de bien :

Une enquête d’opinion menée en partenariat avec l’Ifop a ainsi démontré qu'un Français sur trois connaît une baisse de motivation depuis la crise. L'étude parle d'"apathie collective" ou encore de "ramollissement généralisé". "Salles de cinéma ayant du mal à se remplir, boîtes de nuit en berne, associations n’ayant toujours pas retrouvé leurs licenciés et leurs bénévoles d’avant-crise…" sont autant de preuves énoncées par l'étude pour démontrer notre fatigue psychique et physique. Une moindre appétence pour le sport a également été observée par les chercheurs, alors que le nombre de clubs sportifs diminuent.

Autre constat important partagé par l'étude, le rapport à l'effort et la dimension « sacrificielle » du travail ont changé chez les jeunes de moins de 35 ans. Il ne faut plus "souffrir pour réussir", alors que cette croyance était plus facilement partagée par les générations précédentes. La quête de loisirs, de bien-être et d'épanouissement personnel sont bien davantage dans l’air du temps, ce qui ne signifie pas que l'ambition ne soit pas une valeur toujours assumée et valorisée. "Ce n’est pas un hasard si les influenceurs des réseaux sociaux et de la téléréalité sont très populaires dans la jeune génération, puisqu’ils incarnent pleinement cette aspiration majoritaire à la réussite matérielle et sociale, mais sans forcer", conclut l'étude. 

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