En Italie, cette décision déclenche la guerre entre les touristes et les locaux

Le bourgmestre d'un village italien a décidé de réduire au silence le clocher pendant certaines heures de la journée après les remarques de touristes. Une décision qui nous amène à nous demander si les destinations touristiques doivent vraiment céder à tous les caprices de leurs visiteurs. Décryptage.

Par Audrey Morard. Crédit photo : Unsplash/Mika Baumeister |

Pienza est un charmant village situé dans la province de Sienne, dans le centre de l'Italie. L'un de ses principaux centres d'intérêt est son clocher datant de la Renaissance. Ce dernier résonne dans la ville toutes les 30 minutes, y compris en soirée et durant la nuit. Les habitants de Pienza sont habitués à cette mélodie, les touristes beaucoup moins. Cet été, les plaintes des voyageurs se sont accumulées, visiblement plus que dérangés par le bruit des cloches. Les protestations ont été tellement nombreuses que Manolo Garosi, le bourgmestre de Pienza, a décidé de ne plus faire sonner le clocher entre 22h et 7h. 

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Le clocher de la discorde 

Dans un article du média spécialisé dans les voyages Time Out, on apprend que Manolo Garosi a pris cette décision suite aux plaintes des touristes américains dormant dans des hôtels proches et aux alentours de la place principale, où se trouve le clocher. Les touristes ont depuis retrouvé du calme et ont obtenu gain de cause, mais les habitants, eux, sont attristés par cette mesure. Le bruit du clocher fait partie de la vie du village depuis plus de 560 années. Ils estiment avoir été dépouillés d'une partie de leur patrimoine et de leurs traditions.

Certes, il est vrai que nous avons soif de tranquilité lorsque nous sommes en vacances. Mais le propre des vacances n'est-il pas avant tout le dépaysement, et celui-ci passe forcément par d'autres bruits, d'autres odeurs ... Pourtant, sur internet, les touristes ne se gênent pas pour se plaindre. Avec par moment des commentaires improbables. Le journal anglais Telegraph avait publié en 2019 un article répertoriant les plaintes les plus insolites reçues par le tour operator Thomas Cook et l'ABTA, l'association des agents de voyages britanniques. Parmi les plaintes les plus insolites : "La plage était trop ensablée", "Les commerçants locaux font trop la sieste", "Nous étions à Barcelone en vacances. Il y a beaucoup trop d'Espagnols dans cette ville...". Ce qui en dit long sur les dérives de TripAdvisor et le manque d'ouverture d'esprit de nombreux touristes.

Pourtant, c'est bien le tourisme qui fait vivre de nombreux villages comme celui de Pienza. Pendant plus de deux ans, ces petites localités ont été durement touchées par la crise sanitaire. Le retour des voyageurs est une aubaine. On peut dès lors comprendre pourquoi la moindre remarque va être prise en considération afin de ne pas faire fuir les touristes ou obtenir une mauvaise publicité.  

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Charmer ou faire fuir les touristes ?

Si des villages comme Pienza cèdent aux caprices des touristes, d'autres localités décident de les "refroidir" à l'image de Dubrovnik. Les autorités locales ont mis en place une mesure pour le moins insolite. Cet été, il est interdit de faire rouler sa valise dans le centre historique de la perle de l'Adriatique. Le but ? Réduire les nuisances sonores provoquées par les hordes de touristes. Dubrovnik est la ville la plus bondée en été sur le continent européen selon un classement établi par le moteur de recherche de vacances Holidu. Elle compte 36 touristes pour un habitant.

D'autres villes envisagent de mettre en place des taxes pour endiguer le tourisme de masse comme Saint-Jacques de Compostelle. Venise et d'autres cités renoncent aussi aux énormes bateaux de croisière dans leurs ports, malgré les rentrées financières, afin de préserver leur patrimoine et leur ambiance. Se plier aux demandes des touristes ou leur imposer des mesures pour en préserver le charme ? Tel est le dilemme auquel les pays, villes ou villages dépendants du tourisme semble être de plus en plus confrontés. 

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