Iyagi, l'adresse qui propose de la véritable cuisine coréenne à prix accessible

À Ixelles, en plein quartier Matongé, un endroit de poche propose depuis quatre ans une cuisine coréenne familiale à emporter. Derrière Iyagi, il y a un jeune couple qui a décidé de faire lui-même ce qu’il ne trouvait pas à Bruxelles.

TEXTE : FLORENCE HAINAUT ET CARLO DE PASCALE. PHOTOS : MYRIAM BAYA. |

Quand on me dit “cuisine coréenne” je hurle “kimchi” ! Ma passion pour ce chou fermenté pimenté n’a d’égale que le nez plissé de Carlo quand il rentre chez moi et que des pots fermentent à l’air libre, dégageant un fumet... un peu particulier. Je mets du kimchi dans tout et je nappe tout ce qui est potentiellement comestible de sauce gochujang. Si la cuisine coréenne s’est popularisée ces dernières années, elle n’est pas non plus la plus facile à trouver, alors je bricole moi-même. Même si - soyons de bon compte -, on garde un souvenir ému de notre repas au Gangnam à Wavre, du riz au kimchi et au porc du Bap&Dak à Bruxelles, du tartare de bœuf à la poire et à l’ail de chez Maru et des nouilles sautées du restaurant Hana. Mais bizarrement Iyagi m’avait jusqu’ici échappé.  

Faire attention à la planète commence dans l'assiette :

Le lieu

Ouvert avant que l’offre en cuisine coréenne ne s’étoffe quelque peu, l’endroit propose cinq plats traditionnels et quelques accompagnements. C’est Igor, 27 ans, qui prend les commandes. Il est belgo-croate, et sa femme, Se Min, 29 ans, est coréenne. Et c’est elle qui cuisine, à la minute. Il se sont rencontrés quand ils étaient étudiants et qu’ils apprenaient le croate, à Zagreb. Après ses études, Se Min s’installe à Dubaï et devient organisatrice d’événements. Puis rejoint Igor à Bruxelles, où la barrière de la langue l’empêche de trouver un travail dans son domaine. Et où la barrière des prix fait qu’ils ont du mal à manger coréen sans se ruiner. Alors ils créent leur cantine, parfaitement abordable. Voilà pour l’histoire, donc. Tout ça nous amène à un samedi soir où Carlo et moi avons grand faim.

Dans l'assiette

Chaque plat est proposé en petite portion (11 €) ou grande (14 €). On en choisit trois petites à se partager et quelques accompagnements. Pas de salle où manger, l’endroit est vraiment tout mini, donc ici, c’est à emporter. Avec possibilité de manger à L’Athénée, le mythique café juste à côté. Nous, on retourne vite chez Carlo avant que le tout refroidisse. On commence avec le bossam : du porc cuit à basse température avec du miso coréen à base de haricots rouges et de la bière (belge et bio), servi avec du potiron, des épinards et du riz. Traditionnellement, c’est un plat paysan mangé un peu comme comme un durum, enveloppé dans une grande feuille de kimchi. Sauf que j’ai évidemment oublié de commander du kimchi. On passe au jayk-bokkeum, notre préféré des trois. Du porc sauté, de la sauce piment rouge et des légumes (poivrons, épinards au sésame) qui viennent quelque peu adoucir le côté épicé (qui est tout à fait supportable, d’ailleurs Carlo, plutôt sensible à la chose, se porte à merveille). On a pris en supplément le mayak-keran (2,50 €), un œuf mollet mariné dont le jaune coule sur le riz pimenté et donne envie de s’y lover. En Corée, il est souvent servi aux étudiants en blocus, le piment étant censé calmer le stress. D’après Igor et Se Min, le jayk-bokkeum est également connu pour souffrir de graves erreurs de prononciation de la part de nos impitoyables clients.

Bon, les petites portions aux noms difficilement prononçables ne sont pas si petites et nous entamons la troisième avec courage et détermination, mais sans faim de loup: le japchae, soit des nouilles de patates douces sautées aux légumes et à la sauce soja coréenne. Au XVIe siècle, le roi Gwanghaegun en était si fan qu’il a nommé le cuisinier au gouvernement. Si Carlo approuve son choix, moi je trouve que cette version manque d’un peu de relief, mais j’aurais pu demander un supplément piment. On avait aussi pris deux petites choses, pour goûter : une crêpe au kimchi 2 € (kimchi haché, farine de riz et bière belge) et le ttok-galbi, une boulette de porc et bœuf aux champignons (2,50 €). Le samedi soir, ils font également du poulet frit.

En images, découvrez ce menu :

Notre verdict ?

Si en Corée, on mange traditionnellement avec une série de petites coupelles remplies de choses et d’autres qui permettent à chacun de réaliser son plat sur mesure, ici, pour des raisons pratiques (et écologiques), on vous propose un bol avec tout dedans. Si vous aimez tout relever, ne faites pas comme moi et pensez à commander une portion de kimchi fait maison. La cuisine d’Iyagi, ce sont des plats simples, réconfortants, avec des légumes frais, de la viande de qualité, à des prix de fast food. Les deux êtres délicieux qui ont ouvert cet endroit n’ont pas pour ambition de réinventer ou révolutionner quoi que ce soit. Et c’est très bien comme ça.

L'adresse ? 40, rue Longue Vie, 1050 Bruxelles. T.02.647.58.47. iyagitiger.com

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