Le Repos de la Montagne, le resto de quartier qui dépoussière les classiques

Dans un décor gentiment rustique qui semble n'avoir pas bougé depuis quelques décennies, Au Repos de la Montagne, resto de quartier, a été récemment repris par une nouvelle équipe, qui fait les choses simplement -du moins en apparence- et avec goût.

TEXTE ET PHOTOS : FLORENCE HAINAUT ET CARLO DE PASCALE. |

La montagne, c’est celle de Saint-Job, à Uccle. En hiver, quand cette petite route sinueuse à 45 degrés (ressenti mollets) est gelée, c’est sportif et les crampons sont les bienvenus. Le reste du temps, le gros exploit sera surtout de trouver une place de parking dans le quartier. Et rien à voir avec le plan Good Move, dans une commune qui se veut terre d’accueil et porte-voix de ses opposants. Bref, les transports en commun c’est super, la rue est bucolique et le restaurant est à mille lieues des néo-cantines branchées en béton. Moi j’aime bien ça, mais Carlo, parfois, il en a soupé. D’ailleurs, dès qu’il voit un zinc, une plaque émaillée et une bougie, il commande un Picon vin blanc, c’est pavlovien. Enfer et damnation, pas de ça sur la carte, alors il prend un vermouth (6,50 €), c’est sa deuxième option quand il se la joue “terroir et tradition”. Faut que je le tienne à l’œil sinon il va finir à la Rodenbach grenadine. J’opte sobrement pour une limonade maison (4 €), pas trop sucrée comme je les aime.

En vidéo : cette adresse de fast-food chic débarque dans la capitale

Dans l'assiette

Pas de menu mais un tableau, sur lequel un plat est déjà effacé, succès oblige. Au rayon entrées, se détachent, en lettres dorées et scintillantes, les mots “Croquette au comté” (10 €). C’est un signe, je la prends. La panure est épaisse comme mon amour pour ce fromage, le cœur coule comme j’espérais qu’il coule. La petite sauce au sirop de Liège fonctionne à merveille. Carlo opte pour les Saint-Jacques au beurre d’ail des ours (14 €). C’est simple, les produits sont bons, la cuisson est parfaitement maîtrisée. Je suis toujours aussi à cheval sur la cuisson des Saint-Jacques et globalement de tout ce qui sort de l’eau. Je dis stop à la surcuisson qui rend tout fade et fibreux. Oui oui, opine poliment Carlo en sauçant son beurre aillé.

Tant que je parle, je ne pioche pas dans son assiette, et ça, il l’a bien compris. Les trois (chouettes) types qui ont repris le Repos de la Montagne savent ce qu’ils font. Deux tiers du trio ont façonné le Dillens, un de mes cafés à manger favoris, et le troisième a de la bouteille dans l’horeca 2.0, celui qui se la joue cool mais qui fait attention à la provenance et la saisonnalité des produits. En cuisine, la cheffe Sophie Lozahic pense les plats, parfois faussement traditionnels, toujours généreux. Carlo prend l’américain à préparer, proposé au prix étonnamment doux de 15 €. À préparer, ça veut dire qu’il arrive en kit et que tu fais ton mélange toi-même, comme de la Play Doh pour grand garçon barbu qui, visiblement, s’amuse. Et se régale. Je prends le maquereau grillé, crème crue, œufs de truite (26 €), auquel il manquait un petit truc, genre du raifort ou du miso. Deux condiments très différents, mais une même idée : ce maquereau était pas mal, mais manquait d’assaisonnement, de ce petit coup de genou dans les papilles qui te dilate la pupille. Je m’emporte un peu, mais vous comprenez l’idée.

À partager, un gros bol de frites super bonnes (quoi qu’un peu molles, estime Carlo, avec qui je ne suis pas d’accord), une mayonnaise faite maison (alléluia !) et une salade bien moutardée. Je sirote un thé glacé maison (3,50 €), à peine sucré aussi, et Carlo prend un verre de Hurluberlu (8 €), un cabernet franc nature assez rond pour ne pas être bu en deux gorgées. La carte des vins (nature, baby) et la sélection au verre m’ont fait regretter ma sobriété choisie. Il est chouette ce resto de quartier. Ou plutôt, on s’y sent bien. Le genre tamisé avec des lambris, une clientèle uccloise mais moins caricaturale que ce que le terme pourrait laisser penser. Le lieu est bruyant d’humains qui s’amusent. Ce soir-là, des groupes de potes, des familles, des grands-parents et leurs petits-enfants, quelques couples et puis Carlo et moi, en train d’observer tout ça l’air béat. À moins que ça ne soit notre immense désarroi devant la carte des desserts. Le cheesecake au spéculoos et coing ou le misérable au praliné aux noisettes ? Ça sera le misérable (10 €), dont je ne peux que répéter en boucle qu’il est violemment bon. Ma passion pour la crème au beurre a tendance à me faire radoter.

Verdict

Un resto de quartier, dans son jus mais avec une nouvelle équipe qui a dépoussiéré la carte. Des classiques (américain, carbonnades, chicons au gratin), des vraies options végétariennes qui font envie (scotch egg, chou-fleur rôti sauce XO et labneh), des plats qui donnent quasi envie de dire “canaille” (filet mignon de cochon et bisque aux crevettes grises). Des vins nature, un service d’une gentillesse qui donne envie de ne pas partir. Et des prix vachement corrects. Que demande le peuple ? (Et non, pas une place de parking !)

Où ? 39 Montagne de Saint-Job, 1180 Bruxelles, T.02.347.72.58. facebook.com/ AuReposDeLaMontagne.

Ne manquez plus aucune actualité lifestyle sur sosoir.lesoir.be et abonnez-vous dès maintenant à nos newsletters thématiques en cliquant ici.