Le resto interdit aux vegans : la décision d’un chef lance la polémique

On sent bien que le clivage entre les vegans et les carnivores se radicalise. Et si de plus en plus de restaurants proposent des alternatives végétariennes, parfois le débat se crispe et certaines adresses se font moins tolérantes. Un chef a craqué.

Ingrid Van Langhendonck, Photo Unsplash |

Vegans non admis

C’est un restaurant australien qui fait le buzz avec sa décision. Le chef britannique John Mountain, propriétaire du Fyre à Connoly a annoncé sur sa page Instagram que les vegans seraient désormais bannis de son restaurant. Au départ, il s’agit d’une mauvaise notre attribuée par une cliente, qui reprochait au chef le manque d’alternatives vegan à la carte, et le prix jugé trop élevé de l’assiette de légumes qui lui avait été servie… Le débat entre le chef et la jeune femme s’est envenimé jusqu’à ce que le chef jette l’éponge. Agacé qu’elle ne se plaigne pas seulement du manque d’options vegan à la carte, mais qu’elle critique son talent de chef, le chef star qui a travaillé avec des grands noms a donc publié le 20 juin dernier sur son compte Instagram une annonce sans équivoque : « Malheureusement, tous les vegans sont désormais banni de notre restaurant Fyre (pour raison de santé mentale). Merci de votre compréhension. » Un message choc.

La publication en entraîné plus de 2500 commentaires, le plus souvent en faveur du restaurateur et parfois même, comme c’est souvent le cas sur les réseaux sociaux, de manière critique et assez virulente contre les vegans, jugés sectaires et extrémistes dans leurs revendications. La presse locale s’en est ensuite emparée et l’annonce fait le buzz. Mais, force est de constater que personne n’est tout à fait indifférent au concept de restaurant "vegan-non-admis".

Le concept fera-t-il tache d’huile ?

Si le chef a réagi ici suite à un conflit personnel avec un de ses clients, il arrive comme une réponse au débat qui fait rage dans le monde de la restauration. Ce n’est pas tant la question de savoir si un restaurant doit ou non proposer des alternatives à la viande, car presque tous le font aujourd’hui, il s’agit d’un comportement parfois ultra-vindicatif dans le chef de ces clients qui estiment que leur mode d’alimentation serait le seul acceptable. Ainsi, de plus en plus de chefs seraient assez d’accord avec les propos de John Mountain qui a déclaré que les vegans n’avaient qu’à fréquenter les restaurants dédiés à leurs pratiques ou « Tout autre resto-kebab prêt à leur servir les saloperies en plastique qu’ils aiment tant manger.»

En vidéo, découvrez en quelles quantités manger de la viande :

Si le coup de gueule du restaurateur prête à sourire de prime abord, car il rejoint la longue liste des affrontements entre clients et patrons de restaurants sur tripadvisor, le fait qu’il fasse le buzz et que cette histoire traverse le Pacifique pour nous parvenir, nous révèle le côté symptomatique d’une certaine tendance. Il est vrai que le monde de la restauration est aujourd’hui confronté à toutes sortes d’allergies, intolérances et autres lubies ou revendications de la part de ses clients et souvent, les chefs se perdent à essayer de satisfaire tout le monde. Certains, comme John Mountain en arrivent donc à se radicaliser pour défendre leur cuisine signature et ouvertement déconseiller à certains clients de réserver une table chez eux…

Et chez nous ?

Les différents chefs que nous avons contactés ne sont pas aussi catégoriques. Certains restaurants de viande dont nous vous avons déjà parlé, comme Colonel, ou la Meute s’adressent ouvertement aux carnivores et même si vous y trouverez l’une ou l’autre préparation sans viande à la carte, il faut dire que le ton est donné et rares sont les réclamations en salle.

Les chefs étoilés à la tête de restaurants gastronomiques ont souvent, eux, un menu ou tout au moins quelques plats pour les végétariens, c’est une tendance forte et les chefs y sont sensibles. C’est le cas par exemple à la Canne en Ville, où le chef étoilé Kevin Lejeune vient de signer son tout premier menu 100% veggie.

Pour les autres ? C’est plus aléatoire, mais évidemment, dans la plupart des cas, un client qui suit un régime particulier consultera d’abord la carte ou fera une demande personnelle au moment de sa réservation et tout se passera bien, mais dans certains cas, les chefs revendiquent également le droit de cuisiner ce qui les inspire et recommander à ceux qui ne le suivent pas de passer leur chemin, las des critiques et des revendications trop restrictives. Ce coup de gueule du chef australien marque-t-il le début d’une ère, qui arrivera dans nos restaurants également ? Le futur nous le dira.

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