L'Horizon, le restaurant prometteur d'Alessandro Ciriello

À Chaumont-Gistoux, L’Horizon d’un tout jeune chef promet de belles surprises. Dépêche-toi ami lecteur, car avec autant de talent, ses prix vont finir par grimper.

TEXTE ET PHOTOS CARLO DE PASCALE ET FLORENCE HAINAUT. |

Un vendredi de janvier, j’emmène Florence déjeuner dans le bocage wallo-brabançon. Oui, carrément le bocage. Dès que l’on quitte la route, en quelques centaines de mètres, la campagne prend des airs de petite Normandie. Le restaurant occupe une partie d’une maison proprette en briques rouges. Rien à signaler au niveau de l’architecture. Ça tombe bien, on est venus pour manger, pas pour les journées du Patrimoine.

Une petite salle d’une vingtaine de couverts, c’est chaleureux, on est ici dans la maison d’un tout jeune chef, Alessandro Ciriello. La déco léchée avec architecte arrivera peut-être avec les premières récompenses (le chef en a déjà tâté, ne serait-ce que de la part du Guide jaune) mais L’Horizon est agréable, voire confortable.

Une carte courte, avec des menus qui oscillent entre 36 et 64 € et un lunch au prix canon de 18 € pour deux services et 23 € les trois services. Lunch pour Florence, menu trois services pour moi. Le chef insiste pour me faire découvrir, à la place du canard standard du menu, une volaille fermière et locale. Va donc pour la volaille. Lunch ou menu, tu reçois des mises en bouche comme dans un gastro à 100 balles le couvert. Et ces mises en bouche, c’est du vrai travail de cuisinier, notamment la croquette de lomo ibérique. Voilà qui nous met déjà de bonne humeur.

L'assiette

Pour la petite histoire, la dame discrète et efficace qui nous sert n’est autre que la maman du chef, son papa étant en cuisine, également à ses côtés. Mais le chef, c’est lui, Alessandro, 21 ans tous frais. Et ce chef, il a déjà une belle présence, doublée d’une vraie passion pour le produit local et saisonnier – avec quelques petites incartades – et des assiettes très joliment dressées. Il y a encore un poil de maniérisme, en témoignent quelques pluches de plantes vertes et l’inévitable présence du yuzu sans lequel il semblerait que l’on ne puisse pas faire de gastronomie, mais cela ne tardera sûrement pas à s’estomper...

Et c’est un détail, car tout ce que nous avons dégusté avec gourmandise  était tout simplement très bon, envoyé avec un soin et une précision terriblement adultes. Saint-Jacques “snackées” salsifis, réduction vieux balsamique, tartare de Holstein (“Graouuu” a dit Florence, je pense que ça veut dire “Contente”), volaille locale, sauce genre teriyaki intense, saumon cuit sur peau, purées vitelotte et butternut, sauce beurre yuzu... Bref, de la gastronomie actuelle qui te donne illico envie d’y retourner.

Côté pinard, ça tâtonne un peu plus au niveau du conseil : il n’y a pas de sommelier. Le chef nous avouera plus tard qu’il travaille tout doucement à l’élaboration d’une carte plus étoffée avec un fournisseur de confiance (un vieux briscard du pinard, Gérard Garroy). Compte tenu de la récente installation, on ne lui en veut pas, d’autant que même si nous avons un peu oublié ce que l’on a bu, au final, les vins au verre tenaient correctement la route. Au dessert, crème brûlée à la rose pour moi. J’ai toujours un peu une impression bizarre de manger du parfum avec les trucs à la rose, mais ici, ça le fait. Mousse au Baileys, glace café, ganache chocolat pour Florence qui a tout bien raclé.

L'addition

J’ai donc envie de te dire, ami lecteur. Profite ! Oui, le chef Alessandro, un sportif qui entraîne les jeunes au foot, est bien campé sur ses chaussures à studs. On sent qu’il a de l’endurance, qu’il ne va pas se faire un claquage dans deux semaines et que son horizon de l’ambition, il le place bien loin. Alors oui, profite, car sa cuisine va évoluer, les récompenses vont tomber, et bientôt il faudra bien qu’il augmente les prix car Papa et Maman lui demanderont une augmentation bien méritée. L’addition pour ce déjeuner ? Moins de 100 € à nous deux, avec du vin, des cafés, des mises en bouche, des mignardises et beaucoup de joie.

L’Horizon, 50 rue du Moulin, 1325 Chaumont-Gistoux. Fermé les mardis et mercredis. www.restaurantlhorizon.com