Pourquoi la Citroën AMI cartonne ?

En pleine pandémie, Citroën a discrètement lancé ce qu'on appelle aujourd'hui une «solution de mobilité». Et à priori, il y avait de quoi être perplexe. Pourtant deux ans plus tard, force est de le constater : la Citroën AMI est un carton commercial. Décryptage.

Laurent Zilli, Photos D.R. |

Ami, qui?

Permettez-nous d'abord de (re-)faire les présentations, car bien qu'on puisse effectivement parler d'un réel succès, la présence dans les rues de ce sympathique objet n'est pas encore suffisante pour en assurer la notoriété générale. A fortiori si on ne vit pas à proximité d'une grande ville. Ceci est donc la Citroën AMI et en dépit des apparences, ce n'est pas exactement une voiture. C'est en réalité un « quadricycle motorisé », qui plus est, un quadricycle électrique. Un peu comme une voiture sans permis ? Pas faux. Sauf que celle-ci nous vient d'un constructeur de « vraies voitures ». Ce n'est toutefois pas une grande première car il y a un peu plus de 10 ans, un autre de ces constructeurs, en l'occurrence Renault, avait déjà lancé un petit engin électrique de ce type : le Twizy. Celui-là, vous le connaissez peut-être mieux, avec son look d'œuf à roulettes et ses portières s'ouvrant à la verticale, façon Lamborghini. Le concept de base est le même, l'interprétation est en revanche très différente. Et c'est peut-être déjà l'une des raisons du succès de Citroën. Mais nous y reviendrons.

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Coup de génie !

Les journalistes spécialisés dans l'automobile ont, de prime abord, été décontenancés en découvrant l'AMI. Mais il ne leur a pas fallu longtemps pour réaliser que ses concepteurs avaient du génie. Car oui, son allure étrange n'est pas un délire. C'est du design à l'état pur, le design étant à la base l'art d'inventer des solutions innovantes dans un certain contexte sociétal. Aujourd'hui, le contexte sociétal de la mobilité, c'est quoi ? C'est la transition énergétique, c'est trop de voitures cinq places (ou plus) occupées par une seule personne, et c'est « tout est trop cher ». Une mini-voiture électrique deux places s'attaque déjà aux deux premiers sujets. Le dernier, c'est donc le design de l'AMI qui s'y attelle. Regardez-là bien. Face avant, face arrière. Oui, c'est tout pareil. La seule façon de faire la différence est la couleur des feux. Regardez les portières. Identiques. Comme dans toute voiture, direz-vous ? Essayez donc de mettre la portière gauche de votre voiture sur le côté droit. Avec l'AMI, c'est possible. Gauche = droite, l'astuce étant de la fixer différemment d'un côté ou de l'autre. A l'avant pour une ouverture classique d'un côté, à l'arrière pour une ouverture « suicide » de l'autre. En résumé, les designers ont créé une voiture symétrique, dont les faces et les côtés sont respectivement interchangeables. Grâce à cela, il a fallu industrialiser deux fois moins de pièces de carrosserie, et on obtient un coût de fabrication – donc de vente – compressé : 7 690 € de base. Soit 3 000, 4 000 € de moins que le Renault Twizy, et ne parlons pas des voitures sans permis habituelles. Or, connaissant une partie non négligeable de la cible commerciale, c'est une différence particulièrement importante…

Pourquoi la comparer aux voitures sans permis ?

Parce que l'AMI entre dans cette catégorie. Nous l'avons dit, c'est un quadricycle motorisé, limité à 45 km/h. Bon, attention : « sans permis » ne veux pas vraiment dire… sans permis. Pour conduire l'AMI, il faut tout de même obtenir le permis cyclo de catégorie AM, qui consiste en un examen théorique, et une épreuve pratique assez basique sur terrain privé. Et comme vous le savez probablement, ce permis est accessible dès 16 ans, voire même 14 ans dans certains pays comme la France ou l'Italie. Et voilà le groupe cible qui fait de la Citroën AMI un carton.
Oui, les ados sont dingues de l'AMI. Faites un tour du côté des collèges, lycées et autres athénées des communes huppées des grandes villes, et voyez le nombre de ces petits engins qui y convergent à l'heure où les étudiants arrivent. Nous avons effectivement précisé « communes huppées ». Car il faut bien admettre qu'il n'est pas donné à toutes les familles d'offrir un véhicule de près de 8.000€ à un adolescent. Cela étant, le phénomène avait déjà été observé à l'arrivé de la Twizy. C'est pourtant ce prix qui permet à l'AMI d'atteindre sa cible plus facilement que la Renault, et dans des proportions bien supérieures.

Win-win

Dès le départ, Citroën a clairement misé sur cette clientèle particulière dans sa stratégie. Par exemple, l'AMI était exposée dans les rayons… des Fnac. Visibilité maximale auprès des gamins qui, venus choisir un smartphone, un jeu vidéo ou un manga, sont tombés sur ce véhicule taillé pour eux. Autre exemple, la Citroën AMI peut être commandée directement online. La procédure ne prend pas plus de 10 minutes. Rien qu'avec cela, la graine était plantée!  Ensuite, le produit lui-même a tout pour les accrocher. Premièrement, l'AMI est électrique, ce qui parle à cette génération particulièrement attentive aux défis environnementaux. A défaut d'être sexy, elle est fun, puisque si la seule couleur de carrosserie est le bleu, on peut choisir celle des décos extérieures, des casiers de rangements de l'habitacle, des filets de rangements, du crochet auquel on accroche le sac de cours… Au milieu du tableau de bord, il y a le support qui n'attend que le smartphone, dont le contenu musical sera envoyé à l'enceinte Bluetooth nomade vendue en accessoire. Les yeux sur l'écran, la souris à la main, l'ado en train de configurer son AMI se voit au volant… Il a déjà compris qu'une voiture, c'est vachement mieux qu'un scooter. Parce qu'on est à l'abri l'hiver, avec même un petit chauffage (autre atout par rapport au Twizy, grosso modo ouvert aux quatre vents). Parce qu'on peut le conduire en t-shirt et qu'on ne ruine pas sa coiffure avec un casque. Parce qu'on ne doit pas prévoir un second casque pour, à la sortie des cours, lancer au meilleur pote ou à la bombe de l'école (pas avant 18 ans bien sûr) un « j'te ramène ? » faussement nonchalant. Côté sécurité, certes, la carrosserie de la petite Citroën est d'un plastique assez light. Mais sa structure en métal supporte bien mieux les chocs qu'un squelette humain exposé sur un cyclo. Et enfin, quel parent n'est pas rassuré de savoir que tous les 50 à 70 km, son futur adulte devra revenir au bercail, ne serait-ce que 3 heures, le temps de brancher la voiture sur une prise 200V puis de repartir pour 50 bornes ? La Citroën AMI, c'est du win-win pour toute la famille !

Voilà donc comment la génération Tik-Tok a fait de ce petit bidule étrange le best-seller absolu sur le marché européen du quadricycle léger. A propos, tout ce petit monde se retrouvera à Bruxelles du 30 mai au 4 juin prochains, pour la 11e édition des Jeux Internationaux de la Jeunesse, sorte d'olympiade interscolaire mondiale. Vous ne serez pas surpris d'apprendre que Citroën est partenaire de cette édition, et qu'il y aura des AMI partout…

citroen.be

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