Dix questions à se poser avant d'acheter un nouveau sac

A l'heure de la mode plus durable, pourquoi lancer encore une nouvelle marque de sacs ? Charbel Abou Zeidan, fondateur de la marque belge Octogony, décrypte nos envies de maroquinerie en dix questions. 

par marie honnay. Photos : Octogony |

Octogony est née d’une rencontre : celle du designer libanais Charbel Abou Zeidan, ex-directeur de création chez Elie Saab, et du cultissime bâtiment CBR de l’architecte Constantin Brozki, qu’on aperçoit en longeant la chaussée de la Hulpe à Bruxelles. Ce chef-d’œuvre emblématique de l’architecture des années 70, QG du label, lui a tapé dans l’œil ! La forme octogonale des fenêtres sert de fil rouge au design très brut d’Octogony. À mi-chemin entre luxe accessible et pièce d’artisanat, cette nouvelle marque d’accessoires belge dresse les contours du sac de demain. Nous avons passé en revue avec le designer les questions à se poser avant de craquer pour un nouveau sac, aussi beau soit-il.

À l’heure des achats raisonnés, on culpabilise un peu au moment de lorgner du côté des nouveautés. A-t-on vraiment besoin d’un nouveau sac ?

On doit donc penser “aspect pratique et modularité”. Plutôt que d’emporter deux ou trois sacs différents avec soi en permanence, on mise sur un moyen ou un grand (la base) et on y accroche un plus petit. Le nouveau luxe, c’est un luxe qui allie esthétique intemporelle, aspect pratique et accessibilité. Quand nous avons imaginé le concept d’Octogony, nous étions convaincus qu’il y avait encore une place à prendre sur le marché de l’accessoire pour des produits dont les prix varient entre 295 € pour nos petits modèles à 1 395 € pour le Bloomy XL, notre sac de voyage.

À quoi ressemble le sac parfait ?

Il s’agit d’un sac qui n’est ni vraiment du jour, ni vraiment du soir. Quand on parle de durabilité dans le registre de la mode, on associe souvent cette notion à l’idée de matières ou de procédés de fabrication écologiques. On peut aussi considérer que ce concept de durabilité passe par un accessoire que vous allez garder longtemps et dont vous pourrez améliorer la fonctionnalité en y ajoutant de nouveaux éléments.

Grand sac ou petit sac ?

Je préfère répondre par une addition : 1 (grand) + 1 (petit). Dans nos prochaines collections, nous allons encore aller plus loin dans le concept de modèles aux dimensions extrêmes. L’idée est de permettre aux femmes de ne plus devoir changer de sac par manque de place, mais plutôt de pouvoir disposer du modèle qui leur convient à un moment précis sans les encombrer le reste du temps.

Le concept du it-bag est-il définitivement mort ?

Si le terme fait référence à un modèle de sac tellement bien pensé qu’on a du mal à s’en séparer, toutes les marques vont forcément continuer à revendiquer ce titre. Mais si, au contraire, la notion de “it” implique un lancement très médiatique couplé à une obsolescence programmée, c’est une autre histoire...

Pourquoi les beaux sacs s’inspirent-ils souvent du passé ?

Les années 60 et 70 marquent un tournant dans la mode. Libérés des codes très stricts en vigueur jusque-là, les designers de ces deux décennies ont repensé le concept de vêtement et de style au sens large. Si je refuse de rester figé dans un seul style ou une seule décennie, le côté très libéré des seventies m’a forcément inspiré.

S’il ne fallait acheter qu’une seule couleur cette saison, ce serait...

Du rouge, du vert et du marron ; trois teintes que nous avons déclinées en deux versions. Le rouge, par exemple, existe en deux tonalités issues de la même famille chromatique. L’objectif est de pouvoir les marier entre elles. Pour cette collection, nous avons ajouté du camel et une pointe d’argent pour certaines pochettes du soir et pour le modèle Flirty à l’esthétique résolument seventies.

Peut-on partager son sac avec son amoureux ?

Quand nous avons planché sur l’identité de la marque, nous n’avons pas cherché à créer une griffe mixte. D’autant que cette mixité – tellement en vogue actuellement –, peut être très subtile. Pour les sacs de cette collection, nous avons imaginé quatre bandoulières, évocatrices d’esthétiques complémentaires : une chaîne dorée que l’on peut qualifier de délibérément féminine, deux bandoulières en cuir d’un et trois centimètres de large et une dernière de six centimètres en gros grain. Nous avons en outre envisagé le traitement des couleurs dans une approche qui ne tombe pas dans le travers girly. En ce sens, on peut dire que nos sacs traduisent assez bien mon interprétation de la tendance no-gender. Pour la campagne, nous avons choisi Amandine Renard, un mannequin belge que je ne qualifierais pas d’androgyne, mais qui, parce qu’elle passe sans transition d’un style masculin à une allure très féminine, incarne parfaitement l’esprit du label.

Un sac éthique, c’est quoi ?

C’est un sac qui repose sur une sélection de belles peaux italiennes et sur des processus de fabrication respectueux des artisans et de l’environnement. Nous travaillons avec des ateliers bulgares qui nous permettent de concevoir un produit traçable et le plus écologique possible. Nous avons notamment opté pour des teintures à base d’eau, peu nocives pour l’environnement. Nous invitons également nos clientes à prendre soin de leur sac ; une autre manière de valoriser notre savoir-faire et de prolonger la vie de nos produits.

La pochette est-elle vraiment la bienvenue en soirée ?

Si vous me parlez d’un modèle que vous devez garder en main d’un bout à l’autre de la nuit, non ! (Rires) Octogony fait le lien entre couture et prêt-à-porter, un héritage de mes années chez Elie Saab. J’ai voulu accentuer le côté couture de certains modèles (comme le Darling) habillés d’un drapé, évocateur des robes couture. Je n’ai toutefois pas l’ambition de proposer des accessoires cantonnés au soir uniquement. Pour moi, le Darling peut tout à fait accessoiriser un look du jour, donc un jean et des baskets. En ajoutant une bandoulière pratique sur tous les modèles, nous brouillons les pistes. Le jour devient le soir et vice-versa.

Quel est le pire fashion faux pas avec un sac ?

Pour moi, il n’y en a pas. La mode doit rester l’expression d’une identité personnelle. Pourquoi y inviter des règles ou des codes stricts ? Nous avons bien sûr fait certains choix, dont celui de ne pas mettre de logo sur nos sacs et de remplacer ce signe distinctif par l’octogone. Cette sobriété fait partie de nos valeurs, au même titre que nos affinités avec l’art et l’architecture ; une approche qui nous guide vers une sobriété qui, je le pense, correspond à une esthétique post-covid, c’est-à-dire raffinée, mais résolument humble et discrète. Nos muses sont des femmes du quotidien : des avocates, des galeristes ou même des artistes...

octogony.com

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