Le Canterbury : le classique indétrônable à Bruxelles

Comme chaque semaine, Carlo de Pascale et Florence Hainaut nous emmènent au resto. Carlo est chroniqueur food et conso, Florence est journaliste. Ils aiment débattre sans fin sur les restaurants avec ou sans menu, les vins avec ou sans sulfites. Bref, ils aiment manger ensemble.

PAR FLORENCE HAINAUT ET CARLO DE PASCALE. PHOTOS D.R. |

Je vais au Canterbury avec plaisir depuis des années et je mange presque toujours la même chose : un américain frites, parfois une mousse au chocolat en dessert, le tout arrosé d’une pils ou d’une gueuze Boon.

Ce midi, c’est différent : je propose à Florence d’enfiler nos habits de chroniqueurs pour voir ce que ce restaurant a vraiment dans les tripes.

Il n’est pas simple de vous parler d’un lieu qui fait partie de mes favoris... La famille Niels : une dynastie qui a la passion du service ; une histoire de restaurateurs, une histoire d’hôtes. Ils ont créé le premier Canterbury, boulevard Emile Jacqmain dans les années 20, où la légende veut que Joseph, le fondateur, ait inventé, paramétré, millimétré, la recette de l’américain. Peu importe que le tartare ait déjà été inventé avant, une chose est certaine: c’est qu’il a créé SA recette, et que ça fait des années qu’elle me tient par l’appétit. C’est, en effet, un des plats vedettes du Canterbury d’aujourd’hui, à Ixelles, face aux étangs.

La déco y est “contemporaine vintage” (je me comprends), avec de vraies œuvres d’art moderne aux murs. Un décor qui rassure le bourgeois. Ça tombe bien, la clientèle ne ressemble pas vraiment à des hipsters.

La carte

Même si la famille Niels s’est désormais séparée (Vieux St Martin, Grand Forestier et Savoy d’un côté, Canterbury de l’autre), les cartes des restaurants sont semblables dans chaque établissement, et ce depuis que j’ai l’âge de payer mon addition tout seul ! 

Croquettes aux crevettes, bulots, fondus au fromage, américain, vol-au-vent et autres sont les classiques de la maison, complétés par une série de suggestions assez peu mobiles dont un “Bouillon de poule à l’étouffé” (sans “e” qui me fait bidonner depuis au moins cinq ans), et en saison, la choucroute et le cassoulet. De quoi rassurer les réfugiés économiques hexagonaux qui ne préfèrent croiser que leurs semblables, et largement assez belgo-belge pour y ressentir un certain frisson d’exotisme.

Des entrées ? Pour une fois oui, on est prêts pour le repas à 1 200 calories. Croquettes aux crevettes (19,50 €) et fondus au fromage (17,50 €). On se fait un petit duo, c’est bon.
La croquette aux crevettes n’est pas gavée de crevettes, mais est gentiment bisquée (nous on aime, et on le dit à la face des intégristes qui refusent la bisque dans la croquette!), le fondu au fromage assure, même si la texture graine un peu. Les entrées sont bonnes, mais ne font pas la différence.

Pour une fois, je déroge à l’américain, je prends le coquelet grillé en crapaudine (29 €) avec béarnaise. C’est grillé, c’est cuit, la peau croustille, et cette pauvre bête arrive bien aplatie sur ton assiette. Mais c’est le principe de la crapaudine et je me régale à tremper la viande des cuisses dans la sauce, à savourer la peau grillée (oui, c’est mal).

Et les frites ! Elles sont parmi les meilleures de la capitale, fraîches, flanquées de vraie mayonnaise maison. Et ce moment magique où le bol est vide aux deux tiers et où l’impeccable maître d’hôtel vous pose la question la plus poétique qu’un mangeur d’américain puisse entendre : Encore quelques frites chaudes? Je lorgne chez Florence qui a pris mon plat fétiche, l’américain donc, qu’elle déguste avec application (24,50 €). Elle, dont l’appétit est plus professionnel que moi, insiste (si, si) pour un dessert ! Allez, on se prend une dame blanche. Ici, on rend visite à sa grand-mère, celle qui s’habille en Chanel. Excellente glace vanille, vraie chantilly, tuiles à 250 g de beurre la tuile, c’est ce qu’on attend d’une dame blanche.

Bon, petit bémol, j’ai toujours été convaincu que la maison, dans son professionnalisme rigoureux ne faisait pas de différence entre les clients, jusqu’à ce que notre distingué maître d’hôtel apporte un supplément tuiles et sourire rien que pour Florence, alors que c’est moi l’habitué, ici. Mais qu’est-ce qu’elle a de plus que moi ?

Côté liquides ?

On ne vient pas là pour la richesse de la carte des vins, et je me laisse presque toujours tenter par une (vraie) Gueuze (ici, c’est Boon, 6 €) ou un gentillet gamay de Touraine (tarifé à 8 € quand même).

L'addition

Si le Canterbury est cher, c’est le prix de la rigueur et de l’excellence du service. Nous avons dépensé environ 60 € par personne. En revanche, mon rituel habituel au Canterbury, le stop “déjeuner-américain- bière-café” ne me coûte jamais plus de 35 €.

2, Avenue de l’Hippodrome, 1050 Ixelles. T.+32 2 646 83 93. www.lecanterbury.be

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